Mi-juillet, Wolu-Info est parti à la rencontre de Dana, Gnouma, Adam et Hassan, quatre des jeunes ados du quartier Andromède qui ont redessiné ce dernier, le transformant en leur espace de vie idéal, sous la forme d’un projet artistique, à savoir deux maquettes vivantes et colorées en carton recyclé. Ces dernières sont la concrétisation d’un diagnostic effectué sur le terrain par les jeunes habitants du quartier, puis d’un travail de réflexion orienté sur quatre thématiques (espace public, bio-habitat, sport/jeunesse et prévention sociale des femmes). Issu d’une collaboration entre les services communaux de la prévention, de la jeunesse et des affaires culturelles, Les Ateliers de Wolubilis et l’Habitation moderne, ce projet a pu bénéficier de l’expertise de l’artiste-plasticien bruxellois, Yorick Efira.
Ils sont incroyables ces quatre jeunes ! Tous vivent dans le quartier Andromède depuis leur plus jeune âge, et fréquentent la salle Galaxie d’où tout est parti. Encadrés
par Zahia et Hafsa, l’ancienne et la nouvelle coordinatrice de la salle, ils nous reçoivent avec une certaine fierté, nous expliquant ce qu’ils ont voulu transmettre par le biais de leurs maquettes. C’est le plus loquace du groupe qui prend la parole le premier. Hassan (13 ans) est également le plus sportif. Il fait de la boxe, du foot, du vélo… Il ne tient pas en place et a plein d’idées pour son quartier. « Nous avons une belle agora qu’il faudrait rénover. On aimerait beaucoup qu’il y ait un terrain de volley et plus d’espaces pour les plus petits pour leur éviter des accidents. Il faudrait également installer des fontaines d’eau près des terrains de sport et pourquoi pas un espace pour le ‘bowlskate’. C’est un sport en plein développement à Bruxelles car le skate travaille l’expression artistique. »
Le jeune homme nous parle également de l’aspect ‘Bio-habitat’, dont la porte-parole, Ibtissam, n’a pu se joindre à nous. « Vous savez, elle a écrit un poème pour évoquer ce qui lui tient à coeur ». Il nous le lit. Ces quelques rimes sont touchantes. Son auteure y parle d’une boulangerie qui devrait ouvrir dans le quartier, de panneaux solaires que l’on devrait installer sur les toits et d’un quartier plus vert encore, plus coloré aussi. Adam (13 ans) prend ensuite la parole. Il veut devenir… architecte. « Je me suis occupé de l’aspect ‘Espace public’, et j’ai dessiné les plans des maquettes », explique-t-il. « Ce qui me frappe surtout, ce sont les transports en commun. Ils ne sont pas assez fréquents, et ils sont souvent bondés. Le bus 79 n’est vraiment pas adapté aux personnes âgées ou handicapées. On compte sur la commune pour faire bouger les choses auprès de la STIB. » Il poursuit : « Nous aimerions aussi que notre quartier soit plus coloré, plus fleuri… Des immeubles gris et des étendues d’herbe, c’est assez monotone à regarder… Nous souhaitons également plus de bancs pour la lecture en plein air. »
Enfin, c’est au tour des deux jeunes filles du groupe de prendre la parole. Elles sont également déjà très mûres pour leur âge. « Nous souhaitons qu’il y ait un centre de prévention pour les femmes (et leurs enfants) victimes de violence intra-familiale. Nous avons lu beaucoup d’articles sur le sujet à l’école cette année. La crise sanitaire a fait exploser le nombre de cas. On souhaiterait pouvoir y être bénévoles. On apporterait réconfort et encouragement à ces femmes et à leurs enfants », précisent Gnouma (13 ans) et Dana (14 ans). Ces jeunes nous ont bouleversés tant par leur intelligence que par leur dynamisme. Ils sont les ambassadeurs d’une génération qui rêve, qui réfléchit, qui a des idées pour son quartier. Et qui n’a pas hésité à les communiquer, le 30 juin dernier, au bourgmestre et aux membres du Collège, réunis devant les maquettes. « Nous nous engageons à ce qu’un suivi soit assuré à votre projet via le budget participatif qui est également ouvert aux plus jeunes (10-16 ans) », a tenu à leur préciser le bourgmestre Olivier Maingain qui leur a fixé rendez- vous en fin d’année pour un premier bilan.